Le PTB de Huy et de sa région soutient les travailleurs du Mistral en particulier et du Non Marchand en général, il exprime sa solidarité aux nombreux travailleurs qui vivent des situations similaires dans notre pays et ailleurs. La lutte paye...
Un clip circule pour l’instant sur les réseaux sociaux montrant par des images frappantes l’influence de l’évasion fiscale sur le sous-financement des soins de santé.
Cette compression des coûts alourdit considérablement le travail dans le secteur du handicap qui est, lui aussi, touché par ce manque de moyens ; moyens « avalés » entre autres par le recours aux paradis fiscaux. Les directions cherchent des solutions en dégraissant et en flexibilisant le personnel, voire en délocalisant dans les zones proches de la frontière des personnes handicapées françaises plus « rentables ».
En l’espace de deux mois, deux établissements wallons prenant en charge des personnes handicapées mentales ont dû recourir à l’arme ultime qu’est la grève pour lutter contre les pratiques managériales inadéquates et la commercialisation du secteur.
Après 22 jours de grève, les travailleurs ont eu gain de cause, mais devront rester vigilants face à ces « flexijobs » potentiels et aux pratiques de ces institutions s’occupant de « l’humain » mais avec un but très lucratif. Ces « boîtes » « accueillent » des personnes handicapées ou des personnes âgées (l’or gris) françaises et s’égrènent surtout à la frontière, mais prolifèrent aussi dans toute la Wallonie. Ces sociétés, non subsidiées par la région (AVIQ : agence pour une vie de qualité) ne doivent pas suivre les normes de personnel des institutions subsidiées. Les normes sont donc minimales, les conditions de travail sont lourdes et la colère gronde. Par ailleurs, la France qui délocalise à moindre coût (nos salaires sont moindres) a déjà supprimé pas moins de 500 emplois.
Même si les normes financières actuelles de l’AVIQ sont insuffisantes, ces travailleurs du Mistral se sont battus pendant 48 jours contre un système managérial dictatorial tout en prestant un travail pédagogique de qualité. Par exemple : pendant la grève, les travailleurs ont doublé le nombre de travailleurs par rapport au service minimum, et cela pendant le week-end pour que les résidents puissent vivre autre chose que les tâches de nursing (toilettes, habillements, prises de repas ..) en organisant des activités à l’extérieur. 90% des travailleurs étaient en grève et en présence maximale au piquet (certains, en vacances, participaient quand même à ce piquet), ils ont subi un manque à gagner important. 90% des parents ont soutenu (de près ou de loin) le mouvement, plaintes pour harcèlement ont été déposées auprès de plusieurs organismes par tout le personnel. Voisins, autres travailleurs du non-marchand, délégations syndicales diverses, travailleurs d’usines proches (Prayon et Arcelor Mittal) et tant d’autres personnes ont soutenu ce mouvement de tous les travailleurs (éducateurs, personnel d’entretien, personnel de cuisine, chauffeurs, etc.). Ce combat est historique et exemplaire dans le non-marchand à plus d’un titre : soutien sans faille des syndicats garants aussi d’une grève et d’un combat déterminé mais sans incidents, durée de la lutte (48 jours), victoire totale, à savoir la réintégration du délégué injustement licencié et mise à l’écart d’une direction autoritaire.
La lutte met le doigt sur cette nécessaire cohésion et ce combat des travailleurs et de leurs représentants pour obtenir un vrai refinancement de l’AVIQ, une augmentation du nombre de places pour les personnes en situation de handicap. En effet, les sources financières privées « habituelles » (dons de particuliers, legs immobiliers, fêtes) s’épuisent et ne doivent pas être la norme. La politique pour les personnes en situation de handicap doit être de responsabilité publique et suffisante. Depuis trente ans, les différents pouvoirs qui se sont succédés scandent le même slogan : « faire plus avec moins d’argent »
Ces deux exemples ont montré que ce n’était plus possible.